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Manga et jeunesse afrodescendante: l’amour fou?

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Si vous n’avez jamais essayé, lorsque vous étiez enfant, de faire un Kamehameha, de vous transformer en Super Saiyen, d’activer votre Sharingan ou de faire un multi-clonage, c’est que vous n’avez probablement pas eu la même enfance que la majorité des jeunes des années 1990-2000… Rassurez-vous, ce n’est pas irréversible, voici un article pour les mordus de manga, pour ceux qui s’intéressent à la culture japonaise et africaine ou tout simplement pour ceux qui souhaitent intégrer la grande communauté des Afro-geek !

Le manga, phénomène mondial et promoteur culturel du Japon

Vous êtes sans l’ignorer, que vous soyez parent, jeune adulte ou adolescent, les mangas occupent une place de choix dans les divertissements favoris de la jeunesse et en particulier de la jeunesse afro.

Depuis la fin des années 1980, différents animés (promut notamment par la télévision française) ont inondé l’espace audio-visuel jusqu’à devenir de véritables phénomènes : Les Chevaliers du Zodiaques, Dragon Ball, Ken le Survivant, Sailor Moon, Berserk …etc puis c’est au début des années 2000 qu’une nouvelle vague de manga est venu marquer une autre génération : Naruto, Pokemon, One Piece, Bleach, Full Metal Alchemist, Death Note…etc et encore aujourd’hui les Japonais réussissent à susciter l’intérêt de nos petites têtes crépues avec des œuvres comme L’attaque des Titans, Hunter X Hunter, One Punch Man, Fairy Tales …etc

 

Ce sont des millions de bandes-dessinées, de cassettes ou DVDs vendus de par le monde, et peut être encore plus de millions d’heures de visionnage sur les plates-formes de streaming ! Après le Japon, les premiers consommateurs sont la France et les Etats-Unis, loin devant la Corée du Sud, l’Allemagne et la Chine. Peut-être que la présence d’une importante communauté afro dans ces deux pays n’y est pas pour rien … sachant que le Brésil est aussi un pays où la consommation de manga augmente très rapidement !

Tout cela constitue un pouvoir indéniable pour le Japon : des millions de jeunes à travers le monde s’abreuvent de folklore japonais et en langue originale ! Le manga est une véritable source de revenus pour le pays de l’empereur Naruhito car il promeut sa langue et sa culture à travers la planète et garantit ainsi sa place parmi les premières puissances mondiales en termes de soft-power: l’influence culturel sur des populations étrangères.

 

Pays du Soleil Levant et Terre du Soleil

Mais alors pourquoi autant de succès, en particulier chez les Afrodescendants ? Peut-être ne le saviez vous pas mais la culture japonaise et les cultures africaines ont énormément de points communs, et sûrement est-ce une des raisons pour l’attrait des jeunes Africains pour la culture japonaise et les mangas en particulier.

 

Tout d’abord, rappelons ici que les premiers habitants du Japon sont les Aïnous (« les humains » en aïnou). D’après certains scientifiques, le groupe ethnique dont descendraient les Aïnous est issu de la Grande Migration Côtière, qui, venue d’Afrique, a longé les côtés de l’Océan Indien pour donner naissance à une grande partie des populations australoïdes et mongoloïdes. Ce sont donc des gens qui venaient « directement » d’Afrique qui ont peuplé le Japon, comme les Andamans, premiers habitants d’Inde et d’Asie du Sud ainsi que les Aborigènes d’Australie. La majorité des habitants actuels du Japon sont venus bien plus tard, de Corée et de Chine. La culture traditionnelle japonaise, comme celle d’Inde et des autres peuples d’Asie du Sud transpire encore de ses origines africaines. Vous pouvez constater comment les esthétiques japonaises et africaines se marient parfaitement notamment dans la mode

Un homme Aïnou photographié en 1881

Dans le folklore japonais par exemple, et cela se voit notamment à travers les mangas, l’importance des symboles est frappant. L’utilisation de symboles permet une multiple lecture de l’histoire, avec souvent différents degrés de profondeur dans la compréhension du message, et les Africains le savent bien ! Demandez à vos parents qui connaissent sûrement les contes racontés dans l’Afrique traditionnelle (dont il reste des traces même après des siècles dans la diaspora), ils vous diront comment ceux-ci sont une source d’enseignement pour l’enfant comme pour le vieillard. Dans les mangas également, l’enseignement philosophique n’est pas toujours explicite, mais toujours présent sous forme de symboles.

 

Dans des mangas comme Naruto, Dragon Ball ou One Piece la présence de différents clans avec totems, de différents cercles d’initiés  et autres corporations rappelle les constructions claniques des sociétés africaines. En effet, l’Akatsuki dans l’univers Naruto peut faire penser à une société secrète comme on peut en trouver en Afrique, les Anioto du Congo par exemple.

Les Anioto, la société secrète qui assassine déguisé en léopard tout collaborateur au système colonialiste au Congo (début 20ème siècle)
Akatsuki, la société secrète qui veut changer le monde shinobi (Naruto)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Japonais ont réussi aussi à retranscrire leur paradigme et leur cosmogonie à travers leurs histoires, quelles soient sous forme de bandes dessinées ou en animés. Il n’est pas rare d’entendre des histoires d’êtres venus de l’espace sur Terre pour la peupler et donner naissance aux humains, ce qui laissent penser aux histoires similaires connues en Afrique, chez les Dogon ou chez les peuples de la région des Grands Lacs (Ouganda, Rwanda, Burundi, Tanzanie, RDC).

 

L’intervention de divinités de la tradition japonaise (Amaterasu, Izanagi, Izanami, Ashura, Indra …etc) dans les affaires humaines est également quelque chose de récurrent  dans les mangas. Tout comme les mythes africains de l’Antiquité jusqu’à nos jours (Yoruba, Akan, Egypte Ancienne, Peul ..etc). On peut dire que le surnaturel n’est pas quelque chose d’étranger à la culture africaine, mais aussi japonaise. Tous ces faits corroborent le fait que les histoires du pays du Soleil Levant ont de quoi plaire aux enfants de la Terre du Soleil, l’Afrique ( Kitara ou TaRa « terre du Soleil », nom du continent chez les Egyptiens Anciens, Ibuzuba ou Abzu « terre du Soleil », nom du continent chez les Sumériens).

 

      Amadiora, jeunesse africaine et 21ème siècle

 

Nous connaissons maintenant les ingrédients qui ont fait le succès des mangas auprès de nos petites têtes crépues, mais la question que nous pouvons nous poser est : « A quand des histoires similaires afro ? » L’Afrique et sa diaspora regorge de mythes, de légendes, de contes les plus extraordinaires les unes que les autres.

 

Verrons-nous un jour en bandes dessinées ou sur nos écrans l’histoire de la princesse Pokou, qui sauva son peuple en sacrifiant son fils et en faisant léviter son peuple par-dessus les fleuves ? Ou de Boni, l’Africain qui se révolta contre l’esclavage en Guyane et mena son peuple vers la liberté en fondant une nation dans l’Amazonie ? Ou encore de Gihanga, le héros fondateur des royaumes de la région des Grands-Lacs ? De Sunjata Keita ? L’histoire d’Osiris et Seth ? De Kimpa Vitaa ? Ou bien d’autres histoires imaginaires ou non d’auteurs africains ou issus de la diaspora ?

 

Afro-Samurai

A l’heure où le 21ème siècle prend de plus en plus les couleurs du Continent-Mère, l’importance de développer un imaginaire fait par ou pour les Afrodescendants est une nécessité. Certains ont lancé le mouvement, grâce notamment à une plate-forme de promotion et publication d’histoire d’auteurs africains : amadiora.net Il existe également des œuvres cinématographiques afro-américaines comme The Boondocks ou Afro-Samurai qui sont d’ors et déjà à votre disposition pour libérer votre imaginaire et celui de vos enfants !

Team Elimu

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