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L’astronomie en Afrique

Comme la plupart du corpus scientifique des peuples d’Afrique, l’histoire de l’astronomie et de la cosmologie africaine a été soit détruite, reléguant les Africains dans l’imaginaire raciste à des gens sans connaissance du monde qui les entoure ou alors copiée puis falsifiée pour être intégrée dans le corpus occidental, ni vu ni connu! Connaissez vous les noms que les Africains donnaient aux astres? Saviez-vous que les scientifiques de la  NASA s’abreuvent régulièrement des informations issues des savoirs traditionnels de l’arrière pays du continent ? Elimu vous dévoile plusieurs millénaires de savoirs ancestrales cachés!

 

I. Qu’est-ce que l’astronomie ?

L’astronomie est la science de l’observation des astres. Elle est associée depuis son origine à la cosmologie et la cosmogonie. Par définition, la cosmologie est la connaissance de l’Univers, de son origine (cosmogonie), de sa structure et de son devenir. Chez tous les peuples, le mythe, la spéculation philosophique et la science ont permis d’élaborer, au cours des temps, des savoirs relatifs à cette connaissance de l’Univers.

Pour le peuple San (un des plus vieux du monde), le ciel est la demeure de tous les êtres et esprits divins des morts. Les «choses du ciel» n’influencent et ne reflètent généralement pas les affaires de l’homme, ni n’affectent le temps, la croissance de la végétation ou d’autres conditions de la terre; ils sont dans un domaine qui leur est propre. Pour les Tswana d’Afrique australe, l’idée traditionnelle est que les étoiles sont des trous dans la voûte rocheuse qu’est le ciel. Les Ibibio du Nigéria parlait de façon pittoresque des étoiles comme du «sable de la lune». Les Dogon sont réputés pour leur connaissance du ciel, bien avant l’usage du télescope. Beaucoup de peuples parlent également de leurs Ancêtres comme étant des gens venus du ciel pour habiter la Terre (Anciens Egyptiens, Dogons, Peuls, Banyarwanda …etc) … Quoiqu’il en soit, les Africains se sont toujours interrogés sur la nature des phénomènes astronomique et cosmiques, ces sciences étant aussi vieilles que l’Humanité et que celle-ci a pris naissance en Afrique.

Nous ne pourrons pas donner ici une liste exhaustive des noms des astres dans toutes les langues du continent, mais nous essayerons de mettre en lumière la longue tradition astronomique des peuples d’Afrique.

II. L’observation du Soleil et de la Lune à l’origine du calendrier

Vous êtes peut-être sans ignorer que les calendriers que nous utilisons encore aujourd’hui prennent leur origine dans l’observations des cycles lunaires et/ou solaires. Ce n’est pas pour rien que dans la plupart des langues africaines, pour désigner “un mois” on utilise le mot de la lune!

Officiellement, l’astronomie tire son origine des Chaldéens, les ancêtres des Sumériens. Il semblerait pourtant que cela soit une autre tentative de déplacer l’origine de la civilisation en Mésopotamie, supposée être “blanches”. Pourtant, malgré cette tentative, cela n’empêche pas les Chaldéens comme les Sumériens (qui sont d’origine africaine), d’être peuple mélanoderme…

L’année solaire, qui est à la base du calendrier contemporain, vient d’Egypte Antique qui, outre ses indénombrables inventions, offrit au monde son premier calendrier. C’est donc en Afrique que l’humain commença à se repérer dans le temps en observant les deux plus gros astres visibles dans le ciel. N’en déplaise aux révisionnistes de l’Histoire!

L’humain utilisa également les astres pour se repérer dans l’espace et notamment dans les endroits sans indicateurs terrestres visibles comme le désert ou l’océan. C’est de cette manière que les Africains sont sortis de l’Afrique pour peupler tous les autres continents et notamment les îles reculées comme celles de l’océan Indien, celles de Mélanésie ou encore l’île de Pâcques.

 

III. Planètes, étoiles et constellations dans l’imaginaire africain

Les peuples d’Afrique ont par de nombreux aspects démontré leur faculté à observer et à tirer le meilleur de la Nature. Processus qui a débuté aux confins de l’histoire humaine, l’observation des astres demande une méthodologie pointue et surtout s’étend sur la longue durée (rotation des astres, symétrie et relation entre les constellations …etc).

Le “Centaure”

La constellation dîte “du Centaure” dans l’astronomie occidentale et les deux pointeurs lumineux Alpha et Bêta Centuari sont probablement les plus reconnaissables des étoiles du sud, et elles occupent une place de choix dans la tradition des étoiles africaines. C’est la constellation la plus proche de la nôtre.

Dans les traditions Sotho, Tswana et Venda, ces deux étoiles (Alpha et Bêta Centuari) sont Dithutlwa (“Les Girafes”). Les étoiles brillantes sont des girafes mâles et les deux pointeurs sont des femelles. Les Venda appelent les étoiles plus faibles de la Croix du Sud, Thudana, “La Petite Girafe”. Ils disent également que le mois Khubvhumedzi commence lorsque le croissant de lune peut être vu pour la première fois et, en même temps, les deux étoiles de girafe inférieures sont juste en dessous de l’horizon et les deux supérieures sont juste visibles. La tradition de Sotho raconte que lorsque les étoiles de girafe sont vues près de l’horizon sud-ouest juste après le coucher du soleil, elles indiquent le début de la saison de culture.

Les San considéraient les deux pointeurs comme des lions mâles; ils étaient autrefois des hommes, mais une fille magique les a transformés en étoiles. Les trois étoiles les plus brillantes de la Croix du Sud, elles, sont vu comme des lions femelles. Pour les Khoikhoi, les pointeurs étaient connus sous le nom de Mura, «Les yeux», d’une grande bête céleste.

Le long axe de la Croix du Sud pointe vers une étoile brillante appelée Achernar. Cette étoile s’appelle Senakane (Sotho, Tswana) et Tshinanga (Venda), ce qui signifie «La petite corne».

 

Le “Scorpion”

La constellation dîte du Scorpion avec sa mince rangée d’étoiles incurvées est célèbre pour l’étoile rougeâtre brillante Antares. Cette étoile a été appelée par les San, Xu! «L’étoile de finition du feu» car non seulement elle a une couleur rougeâtre, mais (à certaines périodes de l’année) elle se couche très tard dans la nuit, lorsque les incendies de camp sont éteints.

Le long du corps incurvé du scorpion, juste avant la section de la queue, se trouve une paire d’étoiles proches, que les Khoikhoi ont appelé Xami Di Mura, «Les yeux du lion».

 

Le “Grand Chien”

La constellation dite “du Grand Chien” est connue notamment grâce à l’étoile la plus brillante du ciel (après le Soleil évidemment), Sirius. Les Egyptiens de l’Antiquité la nommaient Sopdet, en Ouganda on l’appelle Kyabihembezi et les Banyarwanda l’appellent, Rusiza. Ce sont les Dogon, peuple d’Afrique de l’Ouest qui informèrent les Occidentaux de la particularité du système de Sirius. En effet, elle est composée de

  • Sirius A, nommée Sigi Tolo (l’étoile du « sigi »).
  • Sirius B est nommée Po Tolo. Elle tourne autour de Sirius A et sa durée de révolution est d’environ 50 ans. Elle serait la plus importante de toutes les étoiles, avant même Sirius A, puisqu’ils la considèrent comme le centre du monde stellaire. Po Tolo signifie l’Étoile du commencement. C’est l’œuf du monde pour les Dogons. Ils la considèrent comme le réservoir, la source de toutes choses.
  • Sirius C est nommée Emme ya tolo, (l’étoile du sorgho femelle). Toutefois, si Sirius A et Sirius B sont attestées par l’astronomie moderne, l’existence de Sirius C reste hypothétique.

Voici quelques noms d’astres en runyankore :

  • Turumwabashatu (constellation d’Orion)
  • Kakaaga (constellation des Pleiades)
  • Rumaranku (étoile Aldebaran de la constellation du Taureau)

Voici quelques noms d’astres en kinyarwanda :

  • Mboneranyi (la planète Vénus)
  • Nyamuheshera (la planète Mars)

 

Il est évident que nous n’avons pu faire une liste exhaustive des appellations des astres dans les langues africaines, n’hésitez pas à complétez dans les commentaires!

L’architecture de nos Ancêtres : l’exemple des royaumes des Grands Lacs

Pour toujours mieux illustrer le génie africain et permettre ainsi à notre jeunesse d’avoir une nouvelle image de leurs origines, nous vous proposons une série d’articles qui s’intéressent à la façon dont nos glorieux Ancêtres construisaient les maisons. Soyez éblouis, émerveillez-vous des styles architecturaux, des couleurs, on se croirait au Wakanda, non ?? Après l’architecture dite “soudanaise”, et celle des Mosgoum, découvrez celle de la région des Grands Lacs!

I. Des royaumes, une entité culturelle

Ce qu’on appelle aujourd’hui Afrique des Grands Lacs comprend les pays actuels suivants : le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, une partie de l’est de la République Démocratique du Congo et la partie ouest de la Tanzanie. Avant la colonisation, la région était constituée de plusieurs royaumes centralisés mais ayant tous entre eux de forts liens culturels et historiques. Si bien que certains s’accordent pour dire qu’il s’agissait d’un seul et même État, l’antique empire du Kitara qui s’est, au fur et à mesure du temps disloqué en plusieurs petites entités. On peut citer les royaumes du Bunyoro et du Buganda aujourd’hui en Ouganda, du Karagwe, du Buha en Tanzanie actuelle, et les royaumes du Rwanda et du Burundi qui ont gardé leurs noms même si leurs frontières ont été modifiées. D’autres royaumes ont vu le jour et ont disparu au fil des siècles qu’ont duré l’histoire de cette région clé en Afrique.

II. Une architecture circulaire

Mises à part les similitudes linguistiques, artistiques, sociologiques …etc qui existent entre ces royaumes, nous soulignerons ici la grande ressemblance de leur architecture.

Le palais royal du roi Yuhi V Musinga du Rwanda
Le même type d’architecture chez les rois du Buganda dans l’actuel Ouganda

Les maisons sont construites avec des bases circulaires et avec un toit assez pointu ou en arrondi, ce qui leur donne une forme de pyramides. Les fondations sont faîtes de terre recouvert de nombreuses couches de feuillages. L’intérieur et les entrées sont ornés de feuilles de bananiers soutenues par des pilliers.

Entrée du tombeau du roi Wamala en Ouganda

             

 

Comme beaucoup de peuples d’Afrique, les peuples de la région des Grands Lacs recherchent dans tous les aspects de leur vie un lien avec le Cosmos, et pour cela répètent les formes qu’il observent sur terre ou dans les cieux. Il y a la répétition de formes et de signes dans un ordre bien précis et notamment les cercles, qui sont le symbole de la vie éternelle et du temps infini dans leur philosophie. Les maisons sont construites sur le modèle des fractales.

L’art Imigongo est un art décoratif traditionnel du Rwanda, constitué de panneaux peints de motifs géométriques colorés ou en noir et blanc. Les motifs peuvent être abstraits ou des symboles ésotériques de la métaphysique rwandaise. Originaire du Sud-Est du pays, c’est traditionnellement les femmes qui ont la maîtrise de cet art.

III. Une architecture source d’inspiration

Comment ne pas être éblouis par tant d’harmonie dans le design et les décorations. De quoi nous inspirer! C’est d’ailleurs déjà le cas, au Rwanda certains hôtels proposent des suites inspirées de l’architecture traditionnelle.

Bisate Lodge, Wilderness Safari, Rwanda