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Les stratégies de défense des Noirs face à la suprématie blanche par Dubois

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L’extrait du livre de W.E.B Dubois que nous allons vous présenter a été écrit entre 1897 et 1903. Certaines occurences ne sont plus d’actualité comme parler “des juifs” ou bien des races. Mais pour le reste, regardez autour de vous et dites nous si en tant que groupe racisés nous n’avons pas affaire aux mêmes mécanismes de défense encore aujourd’hui. Entre les intégrationniste et les partisans du rapatriement. Entre les adeptes du metissage comme solution et les traditionnalistes Noirs. Les élites bourgeoises du continent et la diaspora laborieuse, les anticapitalistes et les freres dans la finance etc. Alors, que prendrez-vous?  Mensonge ou aigreur et amertume?

“La ruse est la défense naturelle du faible contre le fort et le sud l’a utilisée pendant des anneés contre ses conquérants; aujourd’hui le Sud doit se préparer à voir son prolétariat noir retourner cette arme à double tranchant contre lui. Et c’est bien naturel!”

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W.E.B Du Bois

La mort de Denmark Vesey et de Nat Turner a prouvé au Noir il y a déjà bien longtemps l’inutilité de la défense physique. La défense politique est de moins en moins accessible et la défense économique n’est encore que très partiellement efficace. A l’évidence il ne dispose pour se défendre que d’une seule voie – celle de la ruse et de la flatterie, de la cajolerie et du mensonge. C’est ce que firent les Juifs (dans l’édition de 1953 Dubois a remplacé “juifs” par “paysans”) au Moyen Age pour se défendre, et qui a imprimé sur leur caractère sa marque indélébile.

Aujourd’hui le jeune Noir du Sud qui veut réussir ne peut pas se permettre d’être franc et carré, honnête et sûr de lui, au contraire, il est tenté tous les joues de se montrer silencieux, prudent, astucieux et rusé; il doit flatter et se rendre agréable, endurer les injures mesquines avec un sourire, fermer les yeux devant le mal; trop souvent il trouve dans la ruse et le mensonge un réel avantage personnel. Ses vraies pensées, ses vraies aspirations, doivent être protégées par des murmures; il ne doit pas critiquer, il ne doit pas se plaindre. La patience, l’humilité et l’adresse doivent remplacer, chez cette jeunesse noire en croissance, la spontanéité, la virilité et le courage. C’est seulement avec un tel sacrifice qu’une ouverture économique est possible – peut-être même la paix, et la prospérité. Autrement, c’est l’émeute, l’émigration ou le crime. Cette situation n’est pas propre au Sud des Etats-Unis – n’est-ce pas plutôt la seule méthode par laquelle des races sous-développées peuvent gagner le droit à partager la culture moderne? La prix de l’acculturation, c’est le mensonge. 

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D’un autre côté, dans le Nord la tendance est à l’exagération du radicalisme noir. Maintenu par la loi du sang dans le Sud dans une situation contre laquelle chaque fibre de sa nature ouverte et audacieuse se révolte, il se retrouve sur une terre où il peut à peine gagner décemment sa vie, confronté qu’il est à une concurrence impitoyable et à la discrimination raciale. En même temps, par l’école, les journaux, les discussions et les conférences il s’anime et s’éveille intellectuellement. Son âme, si longtemps contenue et empêchée de croître, s’ouvre soudainement à cette nouvelle liberté. Il n’y a pas à s’étonner que toutes les tendances soient à l’excès – lamentations radicales, remèdes radicaux, dénonciations amères ou silence buté.

Certains coulent à pic, d’autres se redressent. Le criminel et le sensualiste quittent l’église pour la maison de jeu et le bordel, remplissent les taudis de Chicago et Baltimoer; les classes plus élevées se séparent spontanément des autres groupes noirs et blancs, et forment une aristocratie, cultivée et pessimiste, aux critiques dures cinglantes, mais qui ne propose aucune issue concrète. Elle méprise la soumission et l’obcéquiosité des Noirs du Sud, mais ne propose pas d’autre moyen à une minorité pauvre et opprimée pour exister aux côtés de ses maîtres. Ces “aristocrates”ont une conscience aiguë des tendances et des opportunités de l’époque dans laquelle ils vivent; leurs âmes sont aigries contre le destin qui a déployé le Voile entre eux et l’autre monde; et le fait même que cette amertume soit naturelle et justifiable ne sert qu’à l’intensifier et à la rendre plus insupportable. 

C’est entre ces deux types extrêmes d’attitude éthique que je viens chercher à éclaircir, qu’évolue la grande masse des millions de Noirs au Nord et au Sud; leur vie et leur activités religieuses sont partie prenant de ce conflit social interne. ”

W.E.B Dubois, Les âmes du peuple Noir, p194-195.
traduction Magalie Bessone, selectionné pour vous par la Team Elimu

1 réflexion au sujet de « Les stratégies de défense des Noirs face à la suprématie blanche par Dubois »

  1. Explication de mon humble position par imageries ou métaphores à ce sujet : la colère est “un liquide dangereux.” Non seulement, il est d’ une extrême fluidité, mais de plus, malsain ou très “corrosif” pour la victime et pour autrui quand géré sans scrupule ou sans tact, l’ individu est à la fois victime d’ injustice grave, donc involontaire, s’ en nourrit lui-même, donc involontairement aussi. Quand trop abondant, c’ est la haine et il devient très malsain à plusieurs niveau, à commencer par soi-même. Et puisque “le liquide” tends à prendre la forme du récipient qui le contient (ton état d’ esprit,) il est sain de ne pas être trop occupé à être son récipient ou n’ en garder qu’ un peu nécessaire normal, naturel au lieu d’ en vouloir ou de le nourrir soi-même ou volontairement; çà devient de la haine, et donc “très corrosive” à plusieurs niveaux; d’ abord pour la victime soi-même, et ensuite pour autrui. D’ où l’ importance de ne pas se donner une forme mentale de récipient, surtout quand il est peu. Et, quand non voulu et trop abondant, pratiquer plutôt la souplesse, l’ agilité mentale ou la délicatesse mentale pour mieux gérer “le liquide” et c’ est çà “la vaporisation mentale de la colère” pour la prévention de la “corrosion de soi et d’autrui,” par son débordement due à la durée de temps de sa contenance. Mais, on ne peut en garder le peu nécessaire ou utile ou pas. C’ est une question d’ équilibre, puisque “ce liquide dangereux” tends à, ou peut revenir dans le “récipient” n’ importe quand et ou vite, et peut déborder, pourquoi se focaliser et ou se hater toujours à en garder! C’ est çà la haine qui ronge et qui détruit. Pourquoi se faire du mal soi-même aussi! Alors, pour la prévention de la victimization de soi-même et d’ autrui ou des innocents, ce qui est une complication pendant que souvent l’ offenseur lui-même peut ne pas souffrir de la situation, il faut plutôt être intelligent et sage; contrôler avec scrupule ou souplesse ou avec détente mentale; se donner une forme mentale non récipient de “la colère corrosive” (la haine,) qui est donc comme un liquide dangereux qui peut même constituer un hasard contre des gens innocents. Et, si difficile à contrôler, alors au moins en “vaporiser” par détente mentale. Et, cela ne peut, d’ abord, venir que du coeur pour donner une forme à l’ esprit (un état d’ esprit non ou moins réceptif à cette émotion par volonté) et qui aide les victimes à mieux fonctionner surtout en tant que groupes, sans s’ entre-nuire ni nuire à autrui; c’ est divin. Note bien: il ne s’ agit pas ici d’ une faiblesse, mais, au moins de la compassion pour eux-mêmes sinon cette émotion ronge tout! Or, la compassion pour soi-même facilite le reste. C’ est un des préalables naturels normals à développer. Tout le monde parle de tout mais néglige cela. L’ émotion favorable est nécessaire. Or, sans assumer cette part de responsabilité surtout pour bien fonctionner en tant que groupe ou communauté, les situations se compliquent toujours d’avantage. Par conséquence, plus de bavardages surtout que la plupart des gens se cachent dans leurs commentaires ou ne font souvent que des allusions comme si louches ou irresponsables. Les échanges de finances ou la solidarité économique, les besoins physiques et autres seuls ne suffisent pas; il faut nourrir aussi et en particulier l’ état d’ esprit émotionnel approprié responsable qui est un facteur majeur positif qui favorise tout. C’ est çà l’ honnêteté ou la franchise ou du tact tant besoin pour s’ aider soi-même après l’ offense d’ autrui. Alors, la vérité doit être toujours délivrée, seulement avec tac et non du mensonge. Des fois même, elle peut être mal comprise quand inconfortable en ce moment mais confortable aussitôt après le passage du temps et mieux comprise, quand bien pensée et vérifiée par la suite.

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