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Miss Univers est Sud Africaine: Zozibini Tunzi a la couronne suprême

Miss Univers, titre suprême des reines de beauté, est désormais jeune Sud Africaine de 26 ans. Elle est radieuse mais pas seulement. La jeune femme, consciente des ressorts encore présents dans sa société post-apartheid a déclaré:

« J’ai grandi dans un monde où une femme comme moi, avec mon type de peau et mon type de cheveux, n’a jamais été considérée comme étant belle », a-t-elle regretté. « Je pense qu’il est temps que ça change aujourd’hui »

Zozibini Tunzi est à couper le souffle

Acclamée par la public, elle a ravi la couronne suprême à miss Puerto Rico, et à une sublime Miss Mexique. Bravo à elle, saluons sa détermination à donner de la force aux femmes d’où qu’elles soient. Les Universitaires le font très bien, les reines de beauté peuvent aussi avoir leur mot à dire quant à la définition même de la beauté (colorisme, cheveux naturels ou non etc.) et prêcher par l’exemple comme le fait Zozibini Tunzi est admirable. Natural and Happy, tout ce qu’on aime!!

 

Elimu

Pourquoi Les Misérables de Ladj Ly est un film important

SPOILER ALERT!!!

Les misérables de Ladj Ly est l’adapation d’un court métrage du même nom qui avait déjà été nommé aux César 2018. C’est un film qui relate l’arrivée d’un policier de province (Damien Bonnard ) au sein d’une équipe de la bac qui tourne dans la cité des bosquets à Montfermeil dans l’emblématique 9.3. Il découvre l’insoutenable quotidien sur ces territoires lorsqu’il s’agit de la relation police/jeunes de cité. On découvre dans cette cité que c’est un petit Etat dans l’Etat. Il y a  un certain Maire, qui est en fait le président  (Steve Tientcheu ), il y a des diplomates, un corps des armées, une coopération internationale (les gitans) et bien entendu une économie interne (le marché) avec ses différents acteurs. Tout roule à peu près bien jusqu’à une certaine bavure.

C’est la cité où a grandi Ladj Ly, là où il a fait ses premières armes caméra au poing, là où il a découvert, trop tôt sûrement, la violence policière. Il maîtrise donc le sujet. Et c’est tant mieux. Enfin on peut avoir un film sans les poncifs habituels, sans les caricatures qui plombent trop souvent l’attrait que l’on a pour ce sujet. Ce qui frappe justement dans ce film est la justesse. Il n’y a pas de manichéisme, ce qui aurait pû être très tentant lorsqu’on fait un film sur des affrontements répétés et continuels. Il n’y a pas non plus de misérabilisme. Ce qui aurait terni l’image et la qualité à la fois du film et du réalisateur, qui aurait pu faire la part belle à son quartier et ses habitants. Il démarre dans l’euphorie de la victoire à la coupe du monde. Il démarre en bleu blanc et rouge, dans l’union. La suite est moins joviale.

Ladj Ly a mûri le sujet et le film. C’est l’œuvre d’une vie visiblement. Une vie qui a commencé très tôt avec la caméra, caméra qui est quasiment un personnage à part entière dans ce film. Elle crée des conflits lorsqu’elle voit des choses qu’elle ne devrait pas voir,  mais résout aussi des noeuds de tension lorsqu’elle profite à un camp contre un autre (les conflits des filles notamment). Elle est pilotée par un certain Buzz (Al-Hassan Ly ) qui, on le devine, campe le vrai Ladj Ly lorsque par exemple il filme les vraies émeutes des banlieues pour son film 365 jours à Clichy Montfermeil que l’on peut voir sur Youtube.

La tension jeunes de cité/policiers de la bac est au coeur de l’oeuvre de Ladj Ly. Dans son film au départ on n’a de sympathie que pour la jeune recrue façon training day qui va découvrir la banlieue du 93 avec ces baceux à la peau épaissie par le quotidien brûlant des banlieues chaudes. Il va découvrir qu’ils sont à la fois choyés par leur hiérarchie, incarnée par Jeanne Balibar , qui les soutient tant bien que mal, cette administration prise au piège des politiques de la ville depuis les années 80, tantôt abuseurs de leurs fonctions auprès de jeunes filles sans défense, tantôt pris dans des guett-apens sauvages d’insurrection juvénile.

Sous des faux airs de Training Day donc, le film se déroule quasiment sur une journée, avec à la place de Denzel et tout comme lui dans son rôle de ripoux, un Alexis Manenti  chaud comme la braise: le baceux qu’on aime détester, qui provoque sans cesse, une racaille avec un badge, prompt à vociférer qu’il incarne à lui seul la loi lorsqu’il est dos au mur. Toutefois il est également dans l’autodérision constante lorsqu’il assume avec joie son pseudo de porc allant jusqu’à s’entourer de mascottes porcines. Lui l’homme blanc non musulman au milieu de cette population ghettoïsée, donc monochrome, d’Africains de l’ouest que l’on sait quasiment exclusivement musulmans. On découvrira vers la fin qu’il n’est pas si xénophobe qu’on le pense.

Ladj Ly a eu le prix du Jury au dernier Festival de Cannes pour ce film

Son binôme au sein de la bac avant l’arrivée du nouveau est un grand sénégalais nommé Gwada (sans qu’on comprenne vraiment le sens de ce pseudo), complaisant avec son collègue lorsqu’il bouscule un peu la loi, le genre de flic renoi qu’on adore haïr, bien plus encore que le flic de la bac raciste. Le personnage joué par Djibril Zonga  est au contraire traité avec beaucoup d’humanité. Ce flic est entre le marteau et l’enclume. Il travaille pour l’Etat mais vient du même quartier que les jeunes qu’il contrôle. Il sert les deux camps, jusqu’au dérapage. Il occupe la fonction de médiateur lorsque son collègue pète les plombs ou abuse de son autorité. Il vient du même quartier mais a choisi une autre voie, celle qui mène à l’ordre.

C’est aussi de lui que vient l’incident déclencheur de toute cette violence insurrectionnelle, qui disons le, est filmée avec brio. Ce moment de cinéma est aussi soudain qu’explosif. Jouissif aussi lorsqu’on voit que de jeunes garçons mineurs prennent part à une action, violente certes, mais solidaire lorsqu’un des leurs est victime d’une bavure et que leur grands frères sont dans le statut quo, dans l’apaisement sans justice. Soit pour des raisons religieuses à travers le personnage de Salah (Almamy Kanouté ), ancien voyou devenu intégriste musulman, soit pour gratter les deniers publiques de la mairie, soit pour acheter la paix sociale nécessaire au business illégal ( Nizar Ben Fatma aka La pince).

L’autodétermination de ces jeunes vous prend aux tripes, on se croirait (toutes proportions gardées) dans les émeutes décoloniales de Soweto. Éblouissant. Fantastique. A contrario de cette violence exutoire, Ladj Ly dépeint en creux la détresse des pères, leur impuissance dans la scène du commissariat.

Oumar Soumare 72ème festival International du film de Cannes 2019

Parlons également du fait qu’il y a un nombre extrêmement important d’acteurs non professionnels dans ce film, ce parti pris est admirable. Par ce choix Ladj Ly montre son attachement à son quartier mais aussi à des figures connues des amateurs de rap car on peut reconnaître des personnages déjà présents dans les clips de PNL, qu’il a incorporé tel quel dans le film. Ce choix peut paraître étrange mais il fonctionne. Un hommage en quelque sorte à la culture urbaine de ces dernières années. Allusion à cette culture mais pas incorporation de tout ses codes. Ce n’est pas un film sur fond de rap. En réalité il n’y a qu’un freestyle claqué dans ce film…qui sert aussi à pointer du doigt l’effet destructeur sur la santé mentale de la prison. Ce n’est pas le film qui sert à faire une B.O mieux que le film lui-même par la suite avec tous les rappeurs de la place. Stop aux clichés. C’est un pari sur le talent des jeunes de banlieue; là où d’autres auraient pû faire jouer des pro déguisés en caillera et à l’accent boiteux. Les acteurs jouent juste. Cela n’a pas toujours été le cas dans les films fait par et pour les banlieusards…

Mention spéciale à Issa Perica  qui joue le personnage du même nom. Issa est un supporter de Mbappe (qui revient à plusieurs reprises dans le film) et de l’équipe de France. Il ne connaît pas vraiment la Marseillaise, comme l’écrasante majorité des jeunes de ce pays. Ce jeune-à-problèmes dont on ne connaît quasiment rien, si ce n’est son passage sûrement punitif au bled, semble aussi torturé que sans espoir. On comprend vite qu’il a un besoin irrépressible de s’accaparer des choses, de posséder un espace où une autre vie est possible quoi que cela lui en coûte. Cette envie lui coûtera beaucoup. Jusqu’à cette scène finale magnifique.

Ce film est un plaidoyer pour le dialogue, 20 ans après La Haine de Kassovitz. Ladj Ly et ses co-scénaristes Giordano Gederlini  et Alexis Manenti n’ont ménagé personne, n’ont accablé personne. Les questions restent ouvertes, le débat devra avoir lieu. En ce sens c’est un film important.

Espérons pour la France que ce débat sera mené avant une guerre civile. Espérons qu’on ne mettra pas les artistes des banlieues sur un piédestal pour justement ne pas parler du fond du problème que sont ces politiques publiques inefficaces, productrices de violence, d’incompréhensions entre l’institution régalienne et la population, de désunions dans ces quartiers déjà labellisés “territoires perdus de la Républiques”. Avant que ces populations ne deviennent des boucs émissaires, ces territoires-terreau-du-terrorisme, et qu’elles ne paient un lourd tribu en cas d’impasse nationale. Impasse vers laquelle la frange radicalement à droite de la France tente lentement mais sûrement d’aller. Contrairement à La Haine, Les misérables est un film en couleur, il y a peut-être encore de l’espoir, en tout cas selon Ladj Ly. Le film est inspirés de faits réels.

p.s: on aime forcément la référence à Mohammed Ali qui est également la nôtre ici

Elimu

Thomas Ngijol épinglé pour plagiat, il réagit violemment!!

Si vous êtes familiers du monde de l’humour et en particulier du stand up, vous devriez savoir que cet art est hautement apprécié outre-atlantique et que bon nombre de génies de l’humour là-bas sont Afrodescendants. D’Eddy Murphy (dont il semble être ultra fan) à Chris Rock en passant par Cedric the Entertainer ou Dave Chappelle les noms ne manquent pas, les talents foisonnent. Ce qui n’a pas déplu aux Français, qui ont profité du très bas niveau en anglais de leur concitoyens pour pomper allègrement des sketchs (coucou Gad El Maleh & Djamel).

source: twitter

Jusque-là ça ne touchait aucun membre de la communauté…on croisait les doigts, mais on était confiant. Nos artistes ont du talent et les réalités franco-africaines sont bien différentes de ce que peuvent dire leurs homologues américains…enfin c’était jusqu’à Thomas Ngijol (le mec qui a fait une comédie sur l’esclavage…et une autre sur les dictateurs Africains). Voyez de quoi on parle en l’occurrence juste-ici:

Comme vous le voyez on ne peut pas trop appeller ça de “l’inspiration”. L’inspiration c’est quand 2pac fait I rather be your n.i.g.g.a sur le sample de bootsy Collins I rather be with you…ce ne sont pas les mêmes paroles mais la filiation est évidente. Un artiste qui salue le talent d’un autre et tout le monde est content. Aucun scandale. Là il s’agit de copie du texte et parfois même de la gestuelle…ce qui fait beaucoup pour un show humoristique non?

L’intéressé ne l’a pas bien pris du tout (on s’en doute!!) et traître copucomics, devenu célèbre démasqueur de tricheurs pour les uns ou désenchanteur de l’humour pour les autres. Quoi qu’il en soit Thomas Ngijol a été pris la main dans le pot de confiture et il est dans une rage incroyable: il a pondu une réponse fleuve traitant le lanceur d’alerte de collabo, de lâche et se prenant lui-même pour Le Duc (donc le Booba de l’humour???)…bref c’est gênant. On peut voir sur son Twitter ici que ses followers ne l’ont pas épargné!!

Que pensez-vous de cette affaire?

La reine Lauryn Hill est (enfin!) de retour

Nous sommes au mois de Novembre, c’est un mois qui débute le lendemain de ce que les occidentaux appellent Halloween, par définition c’est la déprime. Il annonce l’hiver, et avant les joies de Noël et les fêtes du Nouvel An, pas grand-chose à se mettre sous la dent en terme de joie et de bonne humeur. C’est netflix&chill pour beaucoup d’entre nous.

Même en novembre il y a de ces grandes joies qui vous surprennent au réveil, vous sautent au cou et vous finissez en Konpa avant même d’en être conscient. Vous l’avez deviné, parce que c’est dans le titre, Lauryn Hill est redescendue rendre visite aux mortels. Cinq années d’attente, une éternité, 1825 jours environ. Tout ce temps sans nouvelles et on était presque prêt à écouter Tailor Swift et Adèle dans la même journée. On a oublié tout de suite le fiasco de l’année dernière et on se fait plaisir avec un nouveau titre.

Chris Lopez—Sony Music Archive/Getty Images

Elle nous revient avec une chanson destinée à la bande originale d’un film qui sort ce mois-ci aux States: “Queen & Slim”. Une histoire d’amour sur fond de violences policière avec les Britanniques Daniel Kaluuya  (Get Out, Sicario, Black Panther) et Jodie Turner-Smith (The last ship, Mad Dogs) dans les rôles-titre. Le tout produit par Malina Matsoukas connue pour la série Afro “Insecure”. Tout ceci s’annonçait déjà bien juteux et on a hâte. Mais la vraie révélation c’est le retour de la plus grande rappeuse de tous les temps, l’impératrice réfugiée, la reine de la guitare-voix: Lauryn Hill!!! On espère que la chanson Guarding The Gates qu’elle interprète à l’occasion de ce film sera le renouveau de quelque chose. On espère aussi qu’elle fera un peu de promo histoire de pouvoir savoir ce qu’elle a à l’esprit en ce moment. Sans plus attendre, et sans trop parler non plus écoutez seulement!!

 

Fat Joe : “Tous les Latinos sont des Noirs”

Fat Joe est un ancien de le “game“. Figure montante depuis les années 80, et emblème pour les Latino-américains pendant des décennies. Utilisant lui-même un canal entre le Merengue et le boom-bap de la scène émergente du hip-hop. Ce n’était donc pas une surprise quand il s’arrêta à Hot 97 (une chaîne de radio américaine) et balança de sérieuses connaissance au sujet de l’expérience et du patrimoine uniques de l’Afrique, partagés par les Noirs et métis.

“Toute la musique est africaine: musique brésilienne, musique dominicaine, tambours espagnols. Toute la musique c’est la musique africaine. Et ous découvrez l’Afrobeat maintenant… J’ai été en Afrique. Ce sont eux qui font ça.”

“Même à Porto Rico quand vous allez dans les Caraïbes … parlons des Latinos qui ne se disent pas Noirs”, a déclaré Joe.

“Les Latinos sont Noirs. À Cuba, il y avait à une époque huit millions de Cubains. Cinq millions, malheureusement, étaient des esclaves. Trois millions de personnes étaient de véritables Cubains. Ils se sont mélangés et ont eu des bébés. Même chose avec Porto Rico quand vous allez à Loíza. Et quand vous parlez de Santeria, cela vient de l’Afrique, la Terre-Mère. Parfois, les Latinos peuvent même s’identifier à la culture africaine et noire plus que les Noirs américains. Ce n’est pas étonnant. Fat Joe n’est pas fou, il sait de quoi il parle.”

https://www.instagram.com/p/B2ksFUOlTsX/?utm_source=ig_embed&utm_campaign=loading

Source : TheSource

Traduit par la Team Elimu

L’architecture de nos Ancêtres : l’exemple des royaumes des Grands Lacs

Pour toujours mieux illustrer le génie africain et permettre ainsi à notre jeunesse d’avoir une nouvelle image de leurs origines, nous vous proposons une série d’articles qui s’intéressent à la façon dont nos glorieux Ancêtres construisaient les maisons. Soyez éblouis, émerveillez-vous des styles architecturaux, des couleurs, on se croirait au Wakanda, non ?? Après l’architecture dite “soudanaise”, et celle des Mosgoum, découvrez celle de la région des Grands Lacs!

I. Des royaumes, une entité culturelle

Ce qu’on appelle aujourd’hui Afrique des Grands Lacs comprend les pays actuels suivants : le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, une partie de l’est de la République Démocratique du Congo et la partie ouest de la Tanzanie. Avant la colonisation, la région était constituée de plusieurs royaumes centralisés mais ayant tous entre eux de forts liens culturels et historiques. Si bien que certains s’accordent pour dire qu’il s’agissait d’un seul et même État, l’antique empire du Kitara qui s’est, au fur et à mesure du temps disloqué en plusieurs petites entités. On peut citer les royaumes du Bunyoro et du Buganda aujourd’hui en Ouganda, du Karagwe, du Buha en Tanzanie actuelle, et les royaumes du Rwanda et du Burundi qui ont gardé leurs noms même si leurs frontières ont été modifiées. D’autres royaumes ont vu le jour et ont disparu au fil des siècles qu’ont duré l’histoire de cette région clé en Afrique.

II. Une architecture circulaire

Mises à part les similitudes linguistiques, artistiques, sociologiques …etc qui existent entre ces royaumes, nous soulignerons ici la grande ressemblance de leur architecture.

Le palais royal du roi Yuhi V Musinga du Rwanda
Le même type d’architecture chez les rois du Buganda dans l’actuel Ouganda

Les maisons sont construites avec des bases circulaires et avec un toit assez pointu ou en arrondi, ce qui leur donne une forme de pyramides. Les fondations sont faîtes de terre recouvert de nombreuses couches de feuillages. L’intérieur et les entrées sont ornés de feuilles de bananiers soutenues par des pilliers.

Entrée du tombeau du roi Wamala en Ouganda

             

 

Comme beaucoup de peuples d’Afrique, les peuples de la région des Grands Lacs recherchent dans tous les aspects de leur vie un lien avec le Cosmos, et pour cela répètent les formes qu’il observent sur terre ou dans les cieux. Il y a la répétition de formes et de signes dans un ordre bien précis et notamment les cercles, qui sont le symbole de la vie éternelle et du temps infini dans leur philosophie. Les maisons sont construites sur le modèle des fractales.

L’art Imigongo est un art décoratif traditionnel du Rwanda, constitué de panneaux peints de motifs géométriques colorés ou en noir et blanc. Les motifs peuvent être abstraits ou des symboles ésotériques de la métaphysique rwandaise. Originaire du Sud-Est du pays, c’est traditionnellement les femmes qui ont la maîtrise de cet art.

III. Une architecture source d’inspiration

Comment ne pas être éblouis par tant d’harmonie dans le design et les décorations. De quoi nous inspirer! C’est d’ailleurs déjà le cas, au Rwanda certains hôtels proposent des suites inspirées de l’architecture traditionnelle.

Bisate Lodge, Wilderness Safari, Rwanda

 

I know I can le livre pour enfants Afrodescendants de Nas

"I know I can"le livre pour enfants Afrodescendants de Nas

Nas écrit un livre pour enfants.

Le jeudi 13 juin, le rappeur a annoncé cette nouvelle via un post sur Instagram: “Mon premier livre pour enfants est en route”, mentionnant que lui et Mass Appeal ont lancé une marque pour enfants appelée MAJR.

“L’éducation commence dans la crèche.” (Nas)

Nas a publié une photo de la couverture apparente du livre, intitulée “I Know I Can” en référence à sa célèbre chanson de 2002, “I Can”. On se rappelle tous de ces lyrics inspirants et motivants :

” Be, B-Boys and girls, listen up, You can be anything in the world, in God we trust, An architect, doctor, maybe an actress, But nothing comes easy it takes much practice” (Garçons et filles, écoutez, vous pouvez être n’importe quoi dans le monde, c’est Dieu en qui nous avons confiance, un architecte, un médecin, peut-être une actrice, mais rien n’est facile, il faut beaucoup de pratique)

ou encore

” Be, be, ‘fore we came to this country We were kings and queens, never porch monkeys It was empires in Africa called Kush Timbuktu, where every race came to get books To learn from black teachers who taught Greeks and Romans[…]” (Avant que nous arrivions dans ce pays Nous étions des rois et des reines, jamais des singes du porche Il y avait des empires africains appelés Kush Timbuktu, où chaque race venait chercher des livres Pour apprendre des professeurs noirs qui enseignaient aux Grecs et aux Romains […])

 
La série de livres est répertoriée sur le site officiel du MAJR dans le cadre de la série“Donner aux enfants le pouvoir de devenir ce qu’ils veulent être quand ils seront grands. “

L’énoncé de mission de la marque se lit comme suit: ” Notre mission est d’inspirer les générations futures par la création de jouets, de vêtements et d’outils d’apprentissage innovants. Major est ici pour refléter les diverses nuances de la famille moderne et de la culture populaire, car l’éducation commence dans la crèche. “

La date de sortie du livre n’a pas été annoncée.

Sources : Instagram et OkeyPlayer.com

Team ELIMU

Nipsey Hussle, le Tupac Shakur de sa génération?

La responsabilite communautaire au coeur de leur art

Dans l’actualité culturelle de ce début d’année, il n’y a pas un événement qui a marqué le monde de la culture Afro-urbaine plus que la mort de Ermias Joseph Asghedom aka Nipsey Hu$$le. Il faut dire que cet assassinat vient nous rappeler que pour un Noir aux Etats-Unis, l’argent et la renommé ne met pas forcément à l’abri de la violence. Ou bien comme l’a dit Suge Knight qu’il ne faut pas trop aimer le ghetto, une fois l’argent fait, il faut se faire oublier…

Nous avons déjà traité de la question du rapport que ce rappeur entretenait avec l’Afrique, son continent d’origine (son père est de nationalité Erythréenne), mais aussi avec sa communauté, en particulier dans son quartier de Slauson à Crenshaw, Los Angeles. Nous savons également que 2pac shakur a été formé par sa famille et notamment Mutulu Shakur pour la théorisation du Thug Life code (à lire dans l’article en lien), qui a été pervertis par la suite…

Mais Nipsey ou Nebsi (en tigréen nebsi veut dire «  quelqu’un ») vient de loin et son engagement pour la communauté ne date pas d’hier. Certains ont même fait la comparaison avec l’Aîné Tupac Shakur que tout le monde connaît.

Alors à l’OJAL, parce que nous sommes des amateurs de rap west coast en particulier (culture locale oblige) et que nous apprécions particulièrement le Slauson Boy et le Killuminati (les surnoms de Nipsey et Tupac), nous avons voulu pousser la comparaison entre les deux et voir ce qui les réunit, et ce qui les différencie. Non pas pour éteindre le débat, mais pour l’étayer un peu plus.

2pac a chanté la violence et la vie de LA, Nipsey aussi

En effet , les deux représentent la culture des gangs dans laquelle ils évoluaient en Californie. L’un vivait à Oakland (ville d’où sont originaires les fondateurs du Black Panther Party), l’autre était issu du quartier de Crenshaw. L’un était affilé aux Mob Piru Bloods, l’autre faisait partie des Rollin 60’s Neighborhood Crips. C’est donc de leur vécu qu’ils parlaient dans leur chansons qui retranscrivaient le quotidien des quartiers afro de Los Angeles.

« Cuz when yo mama paid rent, that was yo game
So when yo homeboy bled, that was yo pain
And if y’all both catch a case, you don’t say no names
That’s just the code of the color of my shoe strings 
»


 (Cuz (appellation crip = “parce que”) quand ta maman payait le loyer c’était grâce au gang
Donc quand ton pote saigne, c’est ta souffrance
Si on vous attrape ensemble vous ne sortez aucun nom
C’est simplement le code de la couleur de mes lacets de baskets (bleu donc crip)

~(Blue Laces)

2pac n’a pas réussit a protéger sa musique, Nipsey l’a fait

 

Nipsey avait réussi à préserver son indépendance au sein de son label All Money In All Money Out. Toutes ses mixtapes sont sorti en indé.
Son  unique et déjà classique album Victory Lap est sorti sous la double étiquette All Money In No Money Out/Atlantic Records. Mais si le Slauson Boy a signé avec une maison de disque c’est parce que le deal était à son avantage. En effet, il n’a jamais accepté que sa musique ne lui appartienne pas. Le contrat lui permettant de rester maître de son art, libre dans sa création et, surtout, propriétaire de tous les droits de sa musique. 
 
« I am nothing like you fucking rap niggas, I own all the rights to all my raps, nigga. » 
(Je suis pas comme vos p**** negros du rap, je possède tous les droits sur mon rap, negro)
 
~(Rap Niggas)
 
Le nom du label conceptualise l’autosuffisance économique. Au lieu de dépenser de l’argent sur des actifs dépréciant ou sur d’autres biens matériels, Nipsey a insisté sur l’importance d’économiser de l’argent et de l’investir pour créer de la richesse. En tant que militant, Nipsey a promu l’entrepreneuriat noir, l’unité et l’autosuffisance. Le logo et le concept de «All Money, No Money Out» sont un symbole contemporain de l’autosuffisance, de l’unité et de la résurgence économique des Noirs dans les quartiers défavorisés.
Le logo du label All Money In No Money Out

2pac voulait réunir les gangs dans un mouvement, Nipsey l’a fait… après sa mort.

Alors que des centaines d’ennemis jurés se tenaient ensemble les bras serrés, on pouvait voir la concrétisation du rêve de Nipsey, mais aussi le germe de l’objectif Thug Life de Tupac d’unir des gangs tragiquement éclos par l’effusion de sang.

Espérons qu’il y aura un jour où il y aura une meilleure raison pour que les membres de gangs se réunissent, mais au moins cela s’est produit à la mémoire d’un artiste qui l’a planifié depuis le début. FireBugg, membre apparenté du groupe Blood, s’est rappelé d’une rencontre fortuite avec Nipsey Hussle qui avait entamé le projet de créer une trêve de gangs entre leurs rivaux.

Il a rappelé que les hommes partageaient un moment difficile quand ils se sont rencontrés pour la première fois dans un restaurant, mais finalement, “nous nous sommes serré la main avec une poignée ferme et n’avons pas relâché le shake jusqu’à [cinq minutes] plus tard”. 

FireBugg a également déclaré que :

“Nous avons tous deux reconnu le fait que nous étions des ennemis jurés par les droits des gangs mais nous avons dit que nous étions nés frères par essence. Nipsey a regardé fixement le tatouage de Malcolm X  tout en disant qu’il souhaitait que les deux aident à rapprocher leurs gangs, notant: “J’ai pas d’énergie pour les trucs négatifs et les conflits. “

2 pac connaissait la psychologie et la sociologie de son environnement, Nipsey l’a appris grâce à lui:

« Je sais ce que Pac essayait de faire. Pac était du genre à dire : «Je sais que si je te dis que ce que je sais, tu m’appelleras intello. Dans notre culture, quelqu’un d'”intelligent” est quelqu’un de faible. Donc, je montre à tout le monde que je suis un gangster en premier. Je vais vous montrer que je n’ai pas peur de me battre, que je n’ai pas peur de tirer et que je n’ai pas peur d’être avec mes négros dans la pire des pires des situations »… Écoutez« White Man’z World et écoutez [son album de 1997 intitulé] Makaveli. Il essayait d’élever ses négros, et il a été tué.»

2 pac parlait souvent du levier économique pour l’émancipation de sa communauté, Nipsey l’a suivit:

« L’argent est ma medecine » (Keys of the city)

Nipsey se déclamait de 2pac qui était un mentor pour lui:

C’est le remède, la séparation
2Pac de ma génération, la pilule bleue dans la putain de Matrix
Rose rouge dans le trottoir gris
Les jeunes negros pris au piège et il ne peut pas le changer

(Nipsey Hussle, dedication)

Team ELIMU

[Polemique Fortnite] L’appropriation culturelle des danses afrodescendantes par l’industrie du divertissement

Comme vous le savez sans doute, de nombreux cas d’appropriation culturelle ont lieu depuis une dizaine d’année. Dans la mode particulièrement: que ce soit des coiffures par exemple de la part de Kim Kardashian (on pourrait même dire dans son cas tellement rare que son corps entier est une appropriation culturelle!) ou les tissus pour des marques comme Zara et bien d’autres exemples.

Rappellons que l’appropriation culturelle se définit par l’appropriation par des individus d’une culture dominante d’attributs d’une culture dominée sans pour autant demander une quelconque autorisation aux populations concernées. On ne se déguise pas en Zulu pour amuser la galerie. On ne porte pas de plumes dans la tête pour signifier une identité Amérindienne sans donner du respect à ces peuples auparavant et s’assurer qu’ils ne prennent pas cela pour un manque de respect.

Ce qui nous intéressse ici c’est un sujet qui traite à la fois du marketing, de la hype, mais aussi de gros sous. Récemment le jeu phénomène Fortnite a été accusé par un nombre de personnes dont des rappeurs et des comédiens d’appropriation culturelle car ils ont mimé leur danses et les ont incorporées dans le jeu. Cela pour des revenus pharaoniques. Voici les exemples dans la vidéo ci-dessous.

Donald Faison par exemple n’est pas un rappeur, pourtant il avait une chorégraphie dans sa série Scrubs. Elle a été copiée, mais avec l’aval du producteur. Imaginez la danse de Carlton dans le Fresh Prince of Bel Air recopiée dans un film ou un jeu sans son consentement…cela nous aurait quelque peu agacés car c’est quelque chose qui appartient à la culture populaire, mais surtout à un imaginaire qui a été crée dans la série. C’est une danse qui a beaucoup de signification dans l’oeuvre. Mais pour autant, peut-elle être protégée? La réponse est non.

Aux Etats-Unis, pays du branding par excellence, on ne peut pas protéger une danse. Pas de copyright pour les chorégraphes. La question est: est-ce bien légitime? Ceux qui se font léser en l’occurence pour ces créations sont des Afrodescendants. Quelques noms dans l’affaire qui nous intéresse aujourd’hui: Le rappeur BlocBoy JB, créateur de la “Shoot Dance”, Le rappeur 2 Milly pour la “Milly Rock“, Snoop Dogg, Chance tha rapper etc. Tous Afrodescendants.

Fortnite should put the actual rap songs behind the dances that make so much money as Emotes. Black creatives created and popularized these dances but never monetized them. Imagine the money people are spending on these Emotes being shared with the artists that made them

— Chance The Rapper (@chancetherapper)

Il s’agit de monétiser une danse hype hip-hop dans un jeu, car les utilisateurs paient pour utiliser ces danses avec les personnages. Ils monétisent la danse qui ne leur appartient pas, mais plus grave encore ils n’utilisent pas la chanson sur laquelle cette danse a été crée. Pénalisant au passage les ayants droit de l’oeuvre. Cela aurait peut-être été plus fair-play de jouer la musique de ces artistes. Si vous prenez le jus, respectez le fruit. C’est comme si le voisin se faisait des centaines de milliers d’euros avec la recette de rhum arrangé de votre tante après quelques bonnes soirées à la maison. Cela vous énerverait un tantinet non?

Et si demain on copyrightait on mouvement de Kizomba?

Qu’en pensez-vous? Devrions nous trouver un moyen de protéger nos danses? Aujourd’hui c’est fortnite mais demain on ne sait pas quel autre industrie va s’approprier une danse. Rappellez-vous de la polémique sur le Harlemshake en 2013. Ce n’est pas une première. Gageons qu’il y en aura d’autres du même acabit. Les afrodescendants devraient pouvoir protéger leur inventions, fussent-elles des danses. Quid de l’approriation culturelle en cuisine? Vous avez vu les tuto catastrophiques sur le mafé ou le yassa sur des médias mainstream? Ce n’est qu’un début.

Mais dans ce cas à qui donner la maternité du twerk? La belly dance? Le boogie? La salsa? Le Zouk? Et nos plats? S’il est regrettable de tout rendre mercantile, nous autres Afrodescendants savons aussi que nous avons historiquement été spoliées par notre manque de volonté de protéger juridiquement nos terres, nos oeuvres architecturales, nos tissus coiffures, et maintenant nos danses. Le débat est ouvert!

L’architecture de nos Ancêtres : l’architecture dite “soudanaise”

Pour toujours mieux illustrer le génie africain et permettre ainsi à notre jeunesse d’avoir une nouvelle image de leurs origines, nous vous proposons une série d’articles qui s’intéressent à la façon dont nos glorieux Ancêtres construisaient les maisons. Soyez éblouis, émerveillez-vous des styles architecturaux, des couleurs, on se croirait au Wakanda, non ?? 

 
L’architecture millénaire du Mali 
 
Ce qu’on appelle aujourd’hui “architecture soudanaise” correspond à un style achitecturale développé autour du du 14ème, à l’époque du grand monarque que fut Kankan Musa, Mansa de l’empire Mandingue, homme le plus riche de tous les temps. 
 
Il est dit que l’empereur à son retour de la Mecque ordonna la construction de la mosquée dite de Kankou Moussa, à Gao et la mosquée Djingareyber de Tombouctou qui fut achevé dans le style dit soudanais. Cependant, on trouve des monuments de ce style datant de plusieurs siècles avant notre ère, ce qui laisse supposer que c’est un savoir-faire ancestral bien plus vieux.
 
La Grande Mosquée Djingareyber Toumbouctou qui peut accueillir jusqu’à 12 000 fidèles
Depuis cette époque, le style s’est développé et étendu à des monuments non-religieux et même a été adopté dans l’architecture des habitations urbaines. Il y a évidemment l’université Sankore de Toumbouctou que l’on peut prendre comme exemple ou le quartier historique de Somono à Ségou qui, dit-on, est la région d’origine des Bambara (Mandingues) du Mali. 
 
Quartier de Ségou

Pour bien se rendre compte de l’influence de ce style architecturale, il faut voyager un peu, car du centre d’origine mandingue il s’est déporté dans toute l’Afrique sahélienne et même saharienne. Quelques exemples :

Mosquée de Kano au Nigeria

 

Bobo Dioulasso au Burkina Faso

 

Ourgla en Algérie

 

Mosquée de Tenenkou au Mali
Des siècles, les successeurs des Mansa Mandingues, la dynastie des Askia qui fondèrent l’empire Songhaï réutilisèrent ce style pour immoler leurs rois. Ici, le tombeau du fondateur Askia Mohamed Ture : 
 
 
Que dire de plus sur ces chef-d’oeuvre qui ont traversé les âges, et ont su gardé authenticité tout en s’adaptant au mode de vie des rois et habitants!? Encore une fois, pussions-nous trouver de l’inspiration dans ce génie directement issu de nos Ancêtres.
 
#OjalezVous